lundi 5 septembre 2016

Valses de Vienne

Plusieurs kilomètres à travers les rues à pieds nous permettent de mieux découvrir tous les détails de cette ville grandiose. Les façades sculptées et les imposantes bâtisses saluent les petits tramways qui zigzaguent tout alentour. Les clichés s'amoncellent dans nos appareils photos pour garder comme un trésor la beauté de Vienne. Pas moins de 12km par jour nous dit S-Healh. Nous commençons à nous familiariser avec les lieux, et une carte n'a plus de secret pour nous! 

Ainsi, nous passons dans le désordre devant la Cathédrale gothique Stephansdom,  l'institut de médecine au petites briques rouges, le lycée français, l'ambassade de Suède, de l'ombre en haut du musée Albertina, des transats dans le parc Freud, la maison de Strauss, le musée Juif, le musée d'histoire naturelle, l'opéra de Vienne, la bibliothèque nationale, les quais verdoyants le long du petit Danube, et même les quais un peu plus "underground" pour les teuffeurs et graffeurs du coin! 

La plupart des ruelles sont pavées et les sabots des chevaux tirant leur fiacre à touristes résonnent, nous replongeant agréablement dans une ambiance fin 19ième. 
Mais Vienne abritent aussi son lot de pauvreté avec un réseau de mendiants tous les 15 mètres. Les mêmes que chez nous, certains à genoux, presque allongés, perdant leur dignité pour quelques centimes, d'autres avec un discours tout prêt affichant un visage de victime pour invoquer l'empathie des badauds. La jeunesse aussi envahie les rues, guitare et violoncelle à la main pour un medley des tubes actuels façon "classique". D'autres se regroupent dans le parc Freud en rond autour d'un poste pour plusieurs heures d'électro ou reggae. La plupart des femmes sont habillées simplement, décontractées ou façon vintage. Beaucoup portent le voile et je ne peux m'empêcher de penser à toute cette polémique française qu'on leur fait porter en ce moment. On pointe les femmes du doigt pour nous faire oublier les vrais problèmes : la loi travail que l'on vote pendant les vacances avec un 49.3. Et ça ose encore invoquer le nom de "Liberté". Notre liberté c'est celle de choisir. Choisir de ne pas tomber dans le piège des médias, des politiques et exprimer notre colère au nom des valeurs humaines, car nous n'avons pas voté pour perdre nos droits en un été, balancer des bombes sur la gueule d'innocents et leur fermer nos frontières en punissant ceux qui tentent encore de sauver quelques embarcations de vies humaines. Je marche dans les rues de Vienne en pensant à la vie, et la vie c'est un mélange de tout ça. Et tant que l'on aura pas compris ça, on accusera toujours la différence d'autrui de nous faire de l'ombre, pour ne pas assumer que nous aussi, nous sommes différents aux yeux des autres. Vienne a perdu en son temps tous ces artistes, penseurs, médecins... Juifs. 

Le préambule de la Charte de l'Unesco énonce : "Les guerres prenant naissance dans l'esprit des hommes, c'est dans l'esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix." 

Monsieur Saito, du mouvement bouddhiste Soka disait "nous devons travailler à la création d'une époque où la vie sera reconnue comme la valeur suprême."
- Extraits du hors série n°6 "Valeurs humaines"

Vous ai-je parlé de notre hôte ? Non ? Pas encore ? Bien.
Il s'appelle Christian, un homme charmant, sociologue, ainsi que sa femme Jana, tout aussi gentille. Il nous a conseillé un itinéraire de marche en pleine nature ! Un rendez-vous avec la verdure viennoise à 1h d'ici environ. Nous nous rendons le samedi suivant sur les hauteurs de Kahlenberg. A pieds, métro U4 jusqu'au terminus, puis 25mn de bus (ligne 38A) pour admirer la vue sur la ville. Le temps est chaud mais légèrement couvert. Dommage pour les photos, mais tant pis on se console avec des "pommes frites" au ketchup avant d'entamer la descente sur les coups de midi. La balade est à pic et promet 2h de marche alterné entre ombre et soleil. Les panneaux indicateurs facilitent l'orientation. De chaque côté, des vignes principalement et des paysages absolument magnifiques et reposants. Une halte sur l'herbe ou dans un parc dans lequel nous croisons Beethoven, ou bien encore, un gros écureuil marron foncé qui nous épie depuis une branche. Mon appareil photo ne manquera ni l'un ni l'autre. 

La fatigue se fait sentir mais nous décidons de ne rien perdre de cette belle journée pour enfin nous rendre au sud de Vienne, cette fois, pour aller voir le Hundertwasserhaus. Après une pomme achetée à la gare et une bouteille d'eau, nous reprenons le métro U4 dans l'autre sens jusqu'à Landstrasse, puis encore quelques mètres à pattes! Au fait ! L'eau du robinet à Vienne est une merveille. Christian nous l'avait conseillé et il a entièrement raison! Je n'ai jamais bu une eau aussi bonne! 

Et voici l'oeuvre de Friedensreich Hundertwasser tout en couleurs. Un complexe HLM hors du commun que l'architecte a conçu entre 1983 et 1985. Il ne répond à aucune norme avec des fenêtres irrégulières et ses 253 arbres et arbustes. Cette oeuvre créative nous embarque dans un monde irréel comportant 52 logements. En dessous, la terrasse me fait penser aux décors d'Alice au pays des merveilles. Petit tour dans le "village" peuplé de merchandising. On se prête au jeu comme de vraies touristes! 

La journée a été riche, et au vu des calories brûlées, nous méritons un goûter digne de ce nom. Ce samedi magique prend fin au "Café central", lieu incontournable et coup de coeur des gourmands. Le comptoir à pâtisseries nous attire jusqu'à ce que nous comprenons qu'il faut faire la queue pour être placé. Un standing auquel nous n'avons pas l'habitude. On nous installe sous les voutes, tandis qu'un pianiste rejoue les valses avec une dextérité sans faille. Le rêve commence lorsqu'on nous apporte nos cafés viennois voluptueux ainsi qu'un Café central Torte pour Kitoom et un warmer apfelstrudel pour moi. No comment. Vienne est là. 
















Culturons-nous viennois

Après le musée de l'Homme au pied de la tour Eiffel à Paris (présentez sur un billet précédent), nous avons chacune choisi un musée viennois pour des vacances qui se veulent culturelles ! Sans surprise, Freud is mine. 

Dès le deuxième jour, c'est LE jour, LA visite pour laquelle j'ai traversé l'Europe ! J'ai "rencontré" Freud lors de mon année de terminale, en philo, avec l'étude des rêves! Depuis ma licence : étude sur les névroses. L'année prochaine, j'entame les psychoses. Et beaucoup de lectures. Découvrir la psyché humaine est illimité et passionnant! Mon livre préféré, celui du grand Sacks "L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau". 

Nous passons la porte... L'entrée est au premier étage et les murs sont décorés d'une frise retraçant les grandes étapes de la vie du Maître mais aussi celui de la psychanalyse, ainsi que la place des femmes dans cette discipline! L'escalier est magnifique avec ses rambardes en fer forgé. Le musée se situe dans l'appartement divisé en deux parties : l'une pour le cabinet et la salle d'attente, l'autre pour la famille. Il a été réhabilité  par l'association de psychanalyse en 1971 (auparavant des locataires le louaient et y vivaient), et les différents meubles d'époque et objets ayant appartenus à Freud ont été offerts par Anna Freud, sa fille. Freud a vécu dans ce lieu de 1891 à 1938, puis ils ont du fuir la nazisme vers Londres. Ses quatre soeurs, elles, n'ont pas survécus et ont été exterminées dans les camps. 

Le cabinet de Freud était peuplé de ses dizaines d'objets de collection : des antiquités étrusques, romaines, égyptiennes... Une partie est exposée dans la salle d'attente! Cette même salle qui a vu passer nombre de patients, tel que "l'homme au rat" et "l'homme au loup"! Les expositions de photos en noir et blanc sont superbes. Même si vous n'êtes pas intéressés par l'histoire de Freud mais que la photographie est votre "hobbie" alors vous ne devez pas manquer d'y aller. A l'entrée, on nous tend des guides audio en français et un classeur de lectures pour chaque tableaux et objets. Le musée offre énormément d'informations, c'est une chance inouïe d'arriver jusque là. 
Nous apprenons qu'il a eu 6 enfants ! Nous pouvons imaginer la vie qui régnait entre ces murs, immortalisée par des clichés magnifiques de son amie Marie Bonaparte. 
18h, la séance se termine. 
Retour à la vie citadine viennoise! 

Le lendemain, c'est à Kitoom de choisir et ça sera : le Mumok (Musée d'art moderne XXieme, XXI ième Siècle) situé dans le quartier des musées. Au sud ouest du centre ville, cela nous permet de passer devant l'emblématique cathédrale gothique de Vienne, entourées de dizaines de touristes. La chaleur nous oblige à prendre une glace ;-) vanille pistache, et pour moi stracciatella et myrtille! 

Le Mumok est un espace contemporain dans le quartier "hipe", un cube sur 6 étages avec des murs bruts et des escaliers en fer.  Les trois étages supérieurs présentent des oeuvres très décalées et modernes. Des structures couvertes de peinture de toutes les couleurs, une prise géante peinte, une benne à ordures métallique remplies de tableaux et oeuvres déchiquetées, des mannequins transformés donne une impression d'anormale... C'est l'étage 2.0 ! J'ai personnellement beaucoup de mal à adhérer à ce genre d'art nouveau. Beaucoup d'oeuvres dérangent et c'est peut-être là leur but. Pour la plupart, des représentations sexuelles ou particulièrement violentes ou rapport à l'antisémitisme. 

La suite correspond plus à nos goûts : l'art noble comme ont dit avec des sculptures (Alberto Giacometti : Femme debout III et Buste de Diego) et plusieurs rangées de tableaux exposés sur des grilles immenses. Plusieurs artistes issus du surréalisme : Magritte (la voix du sang) ou Juan Miró. C'est également une rencontre avec un tableau de Kandinsky (l'élan tranquille) mon chouchou présent aussi au musée des beaux arts de Nantes. Le bâtiment de plus de 4800 m carré où l'on retrouve aussi aussi du Paul Klee, Picasso, et le bleu inoubliable d'Yves Klein! 
Nous n'avons pas vu les oeuvres de Yoko Ono, cependant j'ai grimacé en voyant "Napoléon, napoléon, tu as une araignée dans le plafond" de Niki de Saint Phalle. Un clin d'oeil à notre étape suédoise ? Et la journée touche à sa fin.

Il nous a manqué des explications pour saisir la portée des oeuvres de l'exposition " Painting 2.0", cependant nous sommes satisfaites d'avoir approché un tout autre monde. J'espère que ce billet vous donnera envie d'y aller à l'occasion ! 

Avec tout ça, un capuccino glacé s'impose! 27°! 







Dans l'ordre : Freud, Breuer et sa femme Mathilde, l'écrivain Stefan Zweig








Photos 1, 2, 3 et 4 Vue générale.
Dans l'ordre ensuite : Niki de Saint Phalle, Giacometti, Picasso

vendredi 2 septembre 2016

Au 19 Bergasse

Pourquoi Vienne ? C'est avant tout pour voir le Maître ! 

J'entame ma troisième année de licence à l'université de Rennes 2 par correspondance. Autant dire, un travail de titan coordonné au boulot et une vie sociale disparue ! Ce voyage c'est mon TP. Un moyen de maintenir la flamme pour ces études de psycho, passionnantes mais qui plongent parfois les étudiants à distance dans un profond doute cosmique... Allons pas de temps à perdre, l'avion entame sa descente, le train file vers le 'Ring', 45 minutes de marche vers Alsergrund, quartier 9 au nord du centre ville, et direction Bergasse, 19 : lieu de vie et cabinet de Monsieur Freud durant 47 ans. Mes baskets aux pieds foulent le pavé, mes yeux cherchent le numéro et l'enseigne rouge nous indique que le musée se trouve bien là. Il y a 100 ans, il était là, rentrait chez lui, et montait jusqu'au premier pour s'installer dans son bureau, entouré de ses objets d'antiquité qu'il collectionnait ! La visite est prévue pour demain, je me contente d'un shooting photos de la façade. La fatigue nous gagne après tant d'émotions, et c'est au Café Freud que nous terminons notre course avec un thé vert, dans un décor totalement kitch, charmant, avec des tableaux de Freud ornés de boutons façon Klimt. Il n'y a plus qu'à attendre 15h pour la remise des clefs de notre Rbnb, à 10 minutes de là. 

Notre nouvel appartement s'inscrit dans un immeuble Haussmanien de 1896, dans les beaux quartiers, à l'époque même de Freud. Vienne a vu naître nombres de grands de ce monde : Beethoven, Mozart, Zweig (mon chouchou! Le film 'Adieu l'Europe' est un chef d'oeuvre), Breuer, Klimt, Schubert, Strauss, Mendel, et la fameuse Sissi bien sur, pour ne citer qu'eux... Il est temps de poser nos bagages, et de goûter l'air des vacances autrichiennes ! Le temps est splendide. Ciel bleu. Pas un nuage.

La psychanalyse est vivement critiquée en France, pourtant qui à notre époque se donne corps et âme dans une recherche scientifique à la cause d'autrui, et ce durant toute sa vie ? Est-ce que la génération Candy Crush offrira elle aussi son lot de génies ? Freud a vécu une époque sombre que nous ne devons jamais oublier. L'Europe a toujours sa par d'ombre un siècle plus tard, il est de notre devoir de protéger les générations futures par notre engagement et notre sens des responsabilités. L'Autriche vient d'élire un président du parti écolo contre front national. Quel choix aura la France en 2017 ? Premier jour, et déjà tant de questions. Pour rester dans le thème, je vous invite à lire Orwell '1984' le temps que je termine Irvin Yalom! On en reparlera! 






mardi 30 août 2016

L'Homme du futur sera-t-il plus beau ?

2016! Deux ans sans vacances! Et nous revoilà enfin. Mon blog commençait à dépérir et m'en vouloir de le laisser ainsi, nu et sans nouvelle aucune. Qu'à cela ne tienne, je vais me rattraper. Récolte de RTT, une pincée de congés et en route pour une prochaine destination au coeur de l'Europe : Vienne ! 8 jours en costume de Sissi, avec visite chez papa Freud et oncle Zweig, non sans un passage obligatoire par Palaiseau en famille pour le week-end. Au programme ? Un périple culturel qui commence par un musée parisien que nous ne connaissions pas Kitoom et moi-même : le musée de l'homme, non loin du Trocadéro. 

C'est lors des journées des créateurs, événement annuel dans notre village natal au sud de Nantes où sont présentées une foultitude d'oeuvres en tout genre, et ce, dans des maisons de pécheurs typiques, que nous avons croisés un artiste prônant la beauté de ce musée. Il exposait des tableaux dont l'un portait sur la phrénologie. Pseudo science à une certaine époque, rapportant que nos capacités cognitives s'évaluaient en fonction de la forme de notre crâne : ce qui a valu la fameuse expression encore d'actualité 'avoir la bosse des maths'! Le musée n'est pas très grand, mais il s'inscrit au palmarès des musées numériques. Je suis moi même dans l'univers des nouvelles technologies, et je n'ai jamais découvert un endroit aussi connecté! Quelle surprise! Les premières salles commencent par des tableaux numériques sur l'adn, les comportements, la culture, la conscience de soi, le rapport à la mort, les rituels, etc. Autant de thèmes disponibles pour tenter de percer le mystère humain. On continue avec des quizz en équipes sur des tableaux, on écoutent les différents dialectes sur le 'mur des langues' (des langues pendent réellement du mur et en tirant dessus on obtient une écoute d'interviews à travers le monde). Ma petite cousine s'éclate devant la camera qui détecte les mouvements et lui apprend les coutumes à travers le monde. A l'étage, l'équipe marque une pause dans une demie yourte et nous donne l'idée de passer nos prochaines vacances en famille dans ce genre d'habitats pour quelques jours. Cette pensée m'enchante au plus haut point! 

Je n'ai pas parlé du morphing en direct qui nous a transformé en homme de néandertal, enfin en femme de néandertal, après avoir choisi notre biface (pierre taillée) préféré. Bref, vous DEVEZ visiter ce musée! Et quoi de plus passionnant que l'étude de l'homme, être si complexe, si parfaitement façonné et pourtant encore tellement perfectible. Notre week-end s'est terminé par une génoise aux fruits faite maison, emprunt de dialogues profonds sur l'avenir... On a tant à penser. 

Pour information, j'ai emmené un livre de Irvin Yalom 'Et Nietzsche a pleuré' ( bien sur que j'ai regardé la couverture pour écrire son nom! ) : il choisi des personnages historiques (Breuer, Freud...) et les mets en scène avec brio sous forme de roman. Déjà deux cents pages, je n'aurai pas pu choisir mieux pour ce voyage. Alors chers internautes, je vous invite à lire encore et encore, afin de ne pas sombrer avec tant d'autres déjà perdus dans le monde de l'idiocratie ! http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=109539.html





samedi 20 septembre 2014

Le jardin aux libellules

Une petite voiture bleue se dirige vers nous. Au volant, Titti. Nous avons réservé en location un petit cottage au fin fond de la campagne suédoise. Titti et Christer vivent dans la maison d'à côté. Toutes les maisons ici sont rouges, noires et blanches, en bois, traditionnelles à la Suède. Le programme était le suivant : une semaine dans la capitale française et capitale suédoise. Une semaine pour tout voir, tout visiter, tout dépenser ! Et une semaine à la campagne pour ne rien faire, ne plus rien entendre, vivre au rythme des journées qui passent. Nous voici donc à Tystberga, et au pays de Tysberga, pas de taxi, pas distributeur de billet, pas de laverie, mais surtout pas de bruit. Exactement ce que nous cherchons.

Les présentations faites, nous grimpons dans sa voiture électrique ! En Suède, le respect de l'écologie est un style de vie total. Nous empruntons un dernier petit chemin et nous voici arrivées. Titti branche la voiture : quand les batteries seront pleines, elle pourra rouler 120km. Nos propriétaires ont prévu d'installer des panneaux solaires sur notre cottage. L'énergie servira en parti pour la voiture. 

Titti passe devant pour la visite des lieux. Le cottage est comme nous l'avions rêvé. Petit, cosy, fonctionnel, un bijou dans un jardin parfaitement entretenu. Un petit robot glisse sur la pelouse et grignote tout ce qui dépasse. Le temps toujours idéal. Posons nos bagages, il nous faut absolument... Ne plus rien faire du tout ! Nous préparons un bon thé, dans une casserole car pas de micro-onde ! A l'ancienne, j'adore. Cela veut dire que nous avons le temps de faire réchauffer de l'eau, et le temps est un luxe ! Deux chaises, une table ronde, des roseaux, des pins, des champs et du soleil. Je ne bouge plus et mute en mode "lézard". Il y a un bassin devant nous, avec un mini ponton et une petite barque. Le temps s'arrête. Mais qui nous rejoint ? Ronja et Busse, les deux petits chiens de la maison. Ils sont vraiment trop mignons et viendront nous dire bonjour tous les jours ! 

Titti est charmante et nous montre tous les endroits faciles d'accès à visiter sur une carte. Elle nous conseille également le café dans l'avenue principale, qui est tenu par une française. Elle nous prête des vélos et Christer nous règlera les selles, vraiment trop hautes pour des filles ! Nous savons tout de suite que nous allons être bien ici. Les tours en vélo, c'est vraiment un autre mode de vie, tout à fait agréable. Avec l'un des deux, il faut freiner avec les pieds en pédalant à l'envers : pas facile au début !
Je prends celui-ci car j'ai des facultés en survie statistiquement plus hautes que Kitoom. Vous saviez que je voyage avec Pierrette Richard ! 

Je m'explique : Kitoom est tombée trois fois en deux semaines :
Première fois dans les escaliers, à 50m d'arriver chez Elisa, les courses en vrac.
Deuxième fois sur le chemin à vélo, à 50m d'arriver au cottage.
Troisième fois dans le fossé à vélo, sur la route en allant au café de Tystberga. 

De plus, elle a pris deux jeans : l'un est trop grand et elle ne peut rien faire sans s'arrêter pour le remettre, et un avec un trou à l'intérieur de la cuisse... Qui ne fait que grandir au fur et à mesure du voyage ! J'ai plus entendu parlé de lui que l'histoire de France durant toute ma scolarité. Elle l'a recousu à Stockholm chez Elisa qui lui a prêté du fil et une aiguille, puis elle fini par en acheter directement à Tystberga ! Il a le droit à une séance de secourisme chaque soir. 

Vous vous dites peut-être que c'est cruel, mais dès que je pense à ses chutes ou son trou dans le pantalon, je me marre comme une baleine ! Enfin, je vous épargnerai l'anecdote de ce matin, quand elle a toussé... sa tasse de café chaud à la main... Ha ha !

Mais revenons à notre jardin. Un papillon, plutôt grand, se pose sur un arbre. Nous sortons les appareils photos, rapidement rejoint par Titti, son père, et sa fille Maria. Le papillon fait l'attraction. La nature à elle seule fait la beauté du monde. Titti nous le montre dans un livre récapitulant les espèces. C'est un amiral ! Nous en avons vu pleins d'autres très jolis durant nos vacances à la campagne. Le papa de Titti s'approche et dit au papillon : "you're so beautiful. Give me five" ! Extra :) 

Je termine mon thé alors que le soleil décline. Dans 30 minutes à peine, il fera très froid. Autour de nous des libellules... 






vendredi 19 septembre 2014

Hej då Stockholm !

Dimanche. Dernier jour. Nous remplissons de nouveau nos sacs à dos. Comme on dit toujours : ça passe beaucoup trop vite. Hier soir, pour notre dernière soirée, nous avons regardé nos photos toutes ensemble. Celles de Kitoom, celles d'Elisa et aussi les miennes. Nous nous demandions comment rejoindre notre prochaine destination, en plein milieu de nulle part. Après avoir étudié plusieurs possibilités, Elisa, encore une fois, nous sauve la vie en téléphonant directement à notre prochaine hôte en suédois bien entendu ! Le chemin est alors plus clair : métro jusqu'au coeur de Stockholm, train jusqu'à une ville dont je ne peux pas même prononcer le nom, et bus jusqu'à... On compte sur les gens du coin pour nous dire où descendre. Koh-Lanta suédois ! L'imprévu est aussi ce qui donne du charme au voyage. Pas de contrainte, pas de planning, pas de stress. 

Il est temps de quitter Elisa qui s'occupe de nous jusqu'au bout et nous conduit en voiture jusqu'à un autre métro, pour que l'on arrive plus vite en ville. De l'appartement jusqu'à la voiture, elle sautille d'un lotissement à l'autre, et nous fait découvrir, sur chaque pas de porte, des photos à elle, exposées à côté d'un panneau listant le nom de chaque locataire ! Elle siège également au conseil de sa résidence et aide les locaux. Nous avons beaucoup de chance de l'avoir rencontré. Avant de partir, elle nous conseille d'aller jusqu'au Palais Royal pour aller voir la relève de la garde. Sa mère avait l'habitude d'y aller tous les dimanches et de les suivre dans les rues de la capitale. Je trouve cette anecdote très touchante. C'est décidé, nous irons voir la garde royale !

Nous nous disons au revoir (Hej då), à l'entrée du métro. Merci Elisa !

Le ticket de métro est 4.50 euros environ pour 1h15. Nous arrivons dans le centre et déposons nos sacs trop lourds dans des casiers à la gare pour 8 euros les 4h. Légères à présent, nous nous rendons vers le Palais, à 15 minutes à pied. Je courre presque tellement j'ai hâte de voir ça. La relève démarre vers 13h15, et il est pile 13h15 ! Kitoom me fait signe de partir devant, alors je m'élance dans Gamla Stan, il me reste deux rues, je connais le chemin, appareil photo à la main. 

Plus qu'une rue seulement. Je tourne et tombe exactement en face de la fanfarre qui arrive dans la rue d'en face. Je suis la mieux placée pour les voir passer devant moi ! C'est grandiose ! J'adore les fanfarres, et Kitoom arrive également pour me rejoindre. Trompettes, tambours, costumes militaires, toute la cérémonie est au pas du commandant en chef. Une femme porte le drapeau suédois et avance au pas au centre de la cour. Un discours en suédois et la musique reprend. Deux gardes, en poste, empêche la foule d'aller plus loin. Je regarde les visages, les gens ont l'air heureux. La fanfarre entame "give me just a little", titre à la mode, et la foule se balance, appareils levés pour immortaliser la scène. Je profite juste de l'instant. Notre dernier en ville.

Il est l'heure. Nous repartons vers la gare et croisons une jeune femme de Singapour. Elle est seule, les bras pleins de paquets, et souhaite qu'on la prenne en photo. En échange, elle nous tend spontanément sa carte de visite et propose de nous héberger si on passe par Singapour un jour. Les gens sont drôles, dans le sens "étonnants". Je la regarde s'engouffrer dans une nouvelle boutique, chaque minute ici est une surprise. 

Il nous reste peu de temps, directement Mac Do ! Un Filet au Fish suédois, c'est immanquable. Même concept, même goût. Ils proposent quand même le "Fika" histoire de coller à la tradition. L'endroit est bruyant, on a hâte de partir. Nous récupérons nos sacs et attrapons le train. Ou, le train nous attrape.
Il s'arrête à plusieurs stations et traine un peu, nous serons en retard... Sauf qu'il n'y a que 9 minutes de battement entre le train et le bus, et que nous n'avons aucune idée d'où cela se trouve. Je propose à Kitoom de se préparer à descendre très rapidement. Au même instant, le controleur, déjà passé, reviens vers nous et me redemande les billets. Il s'assied sur les sièges adjacents et passe un ou deux coups de fil. C'est arrangé, nous annonce-t-il. Il a pris soin de contacter le bus pour nous attendre, précisant que l'on serait en retard de quelques minutes. Le bus ne passe qu'une fois ou deux par jour à Tystberga, je crois que nous ne réalisons pas l'enchantement magique qui vient de se produire. En France, si vous arrivez pile à l'heure, en sueur d'avoir courru jusqu'à l'arrêt, le bus file en vitesse en faisant mine de ne pas vous voir !

Le controleur nous attend sur le quai et nous montre le bus, seul point mobile dans le décor. Je lui montre nos billets et le remercie pour l'attente : "tack!" en suédois ! Les arrêts ne sont pas indiqués, je lui demande donc de s'arrêter à Tystberga. Je prononce mal et il a du mal à me comprendre. Il s'arrête au bout d'une heure et nous fait signe de descendre. Je vois bien le nom de la ville, mais le second mot à côté ne me dit rien. Heureusement des passagers payaient leur ticket en montant, j'ai eu le temps de lui montrer nos billets pour être sûre. Il grommèle et nous fait signe de remonter ! Il y a plusieurs arrêts Tystberga, j'ai eu raison de me méfier. Quinze minutes passent et nous descendons de nouveau sur une place désertique. Il a l'air confiant cette fois, et nous laisse là. Notre hôte doit venir nous chercher, il n'y a rien à l'horizon et je n'ai plus aucun réseau pour la joindre. Nous sommes au début de l'émission "Rendez-vous en terre inconnue" mais sans Frédéric Lopez. Notre hôte s'appelle Titti, et nous sommes à Tystberga. C'est tout ce que nous savons.